Gentleman-tueur

Voici ma seconde nouvelle que j'ai écrite en octobre 2000 :

Gentleman-tueur

- Pour un peu, je vous croirais, vous qui me dites que je suis belle, intelligente, attirante, pleine d'esprit ! Pensez-vous vraiment ce que vous dites ou est-ce un moyen pour m'attirer dans votre lit ? Car, sachez que si c'est le cas, ce n'est pas comme cela que vous y arriverez.
La jeune femme qui parle est réellement très belle, très charismatique. Elle est attablée dans un bar, situé près de chez elle, où elle aime, le soir, se détendre et écouter le brouhaha sympathique de tous ces gens qui se racontent leurs petites misères de la vie quotidienne. Mais depuis ½ heure, un jeune homme, certes d'une extrême beauté, ennuie quelque peu la quiétude qu'elle recherche ici. Il a commencé à lui offrir un verre. Puis s'ensuivent quelques banalités. Mais maintenant, il commence à l'agacer sérieusement. Aussi, après lui avoir dit ce qu'elle pensait de son attitude, elle s'apprête à partir et, curieusement, il la laisse s'éclipser sans la retenir.
Quel homme étrange, pense-t-elle, tout en marchant tranquillement jusqu'à son domicile. Bizarrement, elle n'arrive pas à chasser cet homme de ses pensées. Pourtant, belle comme elle est, il n'est pas rare qu'un homme la drague mais elle l'oublie très vite. Pour l'instant, après une rupture plutôt pénible à vivre, elle préfère se consacrer entièrement à son métier. Pas question pour elle de retomber amoureuse. Mais là. elle repense à son regard, sa voix chaude et envoûtante. Et, comme si son cerveau ne commandait plus ses jambes,elle fait demi-tour et se dirige à nouveau vers le bar, avec qu'une envie, revoir cet homme qu'elle ne parvient pas à oublier. Elle rentre dans le bar mais il n'est plus là. Elle attend mais, ne le voyant pas revenir, elle se décide à rentrer chez elle, piteusement il faut bien l'avouer. Elle se trouve un peu ridicule. Elle qui ne va jamais au devant des hommes, pourquoi lui ?

Le lendemain, elle repense à cet inconnu et se dit qu'elle a vraiment été idiote. Il lui a parlé, l'a draguée un peu et puis après ? Le matin lui fait percevoir les choses différemment. Hier soir était magique mais maintenant, sa tête est de nouveau sur ses épaules et c'est en chantonnant, insouciante, qu'elle va sous la douche, quand la sonnerie du téléphone retentit. S'enveloppant dans une serviette, elle décroche le combiné. Clic, on raccroche ! Comme les gens sont impatients, pense-t-elle ! Elle s'apprête à retourner dans la salle de bain quand la sonnerie de la porte d'entrée cette fois se fait entendre. Pensant que c'est son amie Lucie qui lui rend visite après avoir conduit son fils à l'école, elle ouvre sans méfiance et se retrouve nez à nez avec... l'inconnu du bar !
- Vous ? Mais que faîtes-vous ici ? demande-t-elle interloquée alors qu'à nouveau, elle est en proie à une indicible émotion.
- Eh bien, hier soir, je suis retourné au bar après avoir fait une course urgente et le patron m'a dit qu'il avait crû comprendre que vous me recherchiez. Aussi, je lui ai extorqué votre adresse et me voilà. Mais si je vous dérange, dites-le moi et je m'en vais tout de suite.
- A vrai dire, je suis étonnée de votre présence ici, mais entrez je vous prie. Mettez-vous à l'aise, je reviens dans un instant.
Elle alla dans sa chambre où elle passa rapidement une robe seyante. Elle se regarda dans le miroir et se trouva un peu pâle. Un peu de maquillage ne me fera pas de mal, pensa-t-elle. Mais que m'arrive-t-il ? Jamais je n'ai ressenti un enthousiasme pareil. Serait-ce l'homme que j'ai attendu toute ma vie, sans plus oser l'espérer ?

- Excusez-moi de vous avoir fait attendre, monsieur.... monsieur ?
- Sylvain, Marc Sylvain. Mais c'est moi qui vous présente toutes mes excuses. C'est très cavalier de me permettre de venir ainsi chez vous sans y être invité. Mais j'ai été attiré comme un aimant dès que mon regard s'est posé sur vous. Croyez-moi, ce n'est pas mon habitude d'agir ainsi.
Oh, je ne vous blâmerai pas, bel inconnu, car j'ai ressenti exactement la même chose, pensa la jeune femme, subjuguée par sa beauté.
- Mais à qui ai-je l'honneur de parler, demanda le jeune homme, la tirant de ses rêveries ?
- Sylvie, Sylvie Romain.
- Eh bien, Sylvie, enchanté de faire votre connaissance.
S'ensuivit une conversation à bâtons rompus ayant trait à la fois à leur métier respectif, leurs passions, leur vie. Le temps filait à toute allure ! Sylvie était hypnotisée par sa voix chaude et son regard envoûtant.
- Je suis désolé, annonça Marc en regardant sa montre, mais j'ai assez abusé de votre temps je crois. Je vais vous laisser.
Il se leva et se dirigea vers la porte, se retourna et demanda :
- Pourrais-je vous revoir ?
Sylvie, comme dans un rêve, s'entendit lui répondre qu'elle le désirait ardemment.
- Alors je reviendrai, lui dit-il en lui baisant respectueusement la main.

Mon Dieu, que cet homme est beau, pensa Sylvie après son départ. Il m'a complètement charmée. Elle se dirigea vers la salle de bain, se dévêtit et alla se coucher. Mais mille pensées se bousculaient dans sa tête et elle se vit contrainte de se lever, ne trouvant pas le sommeil. Elle se mit devant la télé et continua de rêver de Marc en regardant distraitement les images défiler sur l'écran. Quand soudain, son attention fut attirée par un visage. Elle monta le son :
"Cet homme, surnommé "le gentleman-tueur", guette ses proies, toujours des femmes d'une extrême beauté, les séduit, se rend chez ses futures victimes et les tue après les avoir odieusement violées et torturées. Nous avons eu son signalement par une femme qui, heureusement, a pu lui échapper et grâce à qui..."
Sylvie n'entendait plus rien. Les yeux agrandis par l'effroi, elle fixait ce visage sur l'écran. C'était Marc. Marc, un tueur. Marc qui allait revenir pour la tuer. Soudain, on sonne à la porte. Affolée, Sylvie se précipite dans la salle de bain, persuadée que c'est Marc qui est revenu pour la tuer. On sonne, re-sonne, puis on frappe à la porte à coup redoublé. Il est devenu fou. Sylvie, complètement paniquée, perd tout contrôle, trébuche et tombe en se cognant la nuque sur le rebord de la baignoire, tuée net.

§§§

Les images continuent de défiler sur l'écran. On voit toujours le visage du tueur et en voix "off" la présentatrice annonçant son arrestation et précisant que la police s'est dépêchée chez une certaine Mme Romain où le tueur a été vu pour la dernière fois par des voisins, afin de la prévenir qu'elle ne risquait plus rien et lui poser quelques questions.

FIN

Merci beaucoup Julie, ça me fait bien plaisir que ça te plaise

Je compte sur les atres membres pour donner leur avis !

julie a écrit:

Je compte sur les atres membres pour donner leur avis !

Apparemment, il n'y a que toi qui aime :(

Je viens de la lire. C'est pas mal malgré quelques maladresses logiques, la fin est étonnante et rompt avec l'ensemble et c'est bien là l'essentiel dans une nouvelle.

Merci Imaginary Boy pour ton commentaire sincère

Un ton assez léger qui correspond bien à l'idée de "rêverie"...

Salut,

je m'associe à Imaginary Boy, il y a des maladresses, mais on s'ent fout un peu (du travail, du travail, du travail, et on ne les verra plus), ce qui compte, c'est la chute. Là où je me désolidarise de Imaginary Boy, c'est sur la fin. Le titre dicte la fin. On sait qu'il la poursuit de ses assiduités pour la tuer.

Le récit que tu as fait est intéressant par la rêverie qu'il dégage, comme le souligne Descent, on suit bien cette jeune femme un peu fantasque.

Attention, je vais donner mon avis, donc c'est subjectif, et je respecte ce que tu as voulu faire en tant qu'écrivaine. Je vais te faire une suggestion pour faire une nouvelle qui resterait dans la mémoire des gens, parce que moi, il m'a fallu 10 ans pour comprendre ce qui est une évidence pour certains : et s'il ne la tuait pas ? On saurait que c'est lui, lui le tueur, mais il ne la tue pas. Et on ne sait pas pourquoi. ça donne de la profondeur au gentleman, non ? Là, tu gamberges longtemps sur ses motivations.

dans ce type de petit récit, je pense que schématiquement soit tu recherches :
1/ la chute (comme dans une blague)
2/ l'atmosphère (les pensées reveuses de cette jeune femme, par exemple, qui sont en décalage avec le destin que tu lui promets)
3/ à dire quelque chose qui transparaîtra entre les lignes, sans que tu le dises vraiment, comme Hemingway, comme Giono, dans Un roi sans divertissement, tu vois ? Ce qui compte, alors, c'est le fond, c'est que toi tu as quelque chose à dire sur le monde que toi seule peut dire ainsi et qui donnera une petite idée de la vérité à ton lecteur.

Comme j'ai déjà fait un message long, je finirais en disant que, par vérité, je veux dire, au sens où Platon et Socrate l'entendaient pour la philosophie, que la littérature doit éclairer le lecteur, mais par d'autres moyens (la subjectivité, la fulgurance). Lui donner de l'essentiel à voir.

Voilà, à +.

Citation :

Comme j'ai déjà fait un message long

Mais non c'est pas long, et en plus c'est interessant ce que tu dis. Merci d'apporter ton expérience en tout cas.

zanimarre a écrit:

je respecte ce que tu as voulu faire en tant qu'écrivaine

Mon Dieu, je suis tout sauf une écrivaine
J'ai écrit ce petit texte pour le fun mais je n'ai aucun talent d'écrivaine ! Et je serai bien incapable d'en écrire une autre je crois !
Mais merci beaucoup de t'être intéressé à mon petit texte zanimarre , ainsi que toi aussi Descent

Bravo Carrie pour cette nouvelle avec une fin surprenante .

Merci beaucoup Ilios