Sharpe ou Lodge même combat ?
Je viens de le finir moi et je l'ai trouvé excellent. Ce premier opus de la série des Wilt m'a littéralement enchanté, à l'instar de la trilogie "Wilcoxienne" de David Lodge. En effet, j'ai trouvé avec Tom Sharpe la même propension à critiquer la bonne société anglaise et ses stéréotypes. Sharpe a su avec un humour féroce et hilarant mettre le doigt là où ça fait mal: le couple qui se perd, une sexualité à l'abandon, une vie sociale vide de sens, l'ennui du dimanche en famille et la désillusion née d'un travail qu'Henry Wilt idéalisait autrefois. Bref c'est un cumulard notre Henry et quand il accepte d'accompagner Eva (sa femme, celle qui voit en la méditation transcendentale l'espoir d'un épanouissement futur) chez le couple Pringsheim il est loin de se douter des péripéties qui l'attendent. Lassé, ivre et remonté contre tous, Henry va s'embarquer dans des situations inextricables où se mêlent une poupée gonflable vaginée, une nymphomane féministe, un bâteau devenu radeau de la méduse, un curé alcoolique, du pâté pour chien et des flics boostés au Guronsan qui ne savent plus où donner de la tête.
Bref ce livre est un pur moment de bonheur, extrêmement facile à lire et qui fait rire à voix haute. J'apporterai juste un bémol à cet éloge: la traduction. Il existe quelques erreurs grossières au niveau de la syntaxe, ce qui est gênant tout de même; Wilt devient quelquefois Will, Wils et même Wilf au fil du texte, et au lieu d'utiliser le terme de "conservateurs" pour parler des additifs du pâté pour chien, le traducteur a utilisé le mot "préservatifs"; j'ai cherché une ironie dans le contexte mais non rien d'autre qu'une grossière traduction de mot à mot. Enfin ceci n'occulte en rien la qualité de ce livre de Tom Sharpe que je vous conseille vivement.