Ce roman de Kundera est très court puisqu'il fait 170 pages environ et la police est assez grosse mais la qualité est vraiment bonne même si je n'avais rien lu de lui auparavant.
L'histoire: Vera et le narrateur (kundera) s'installe dans un relais-château mais cet espace n'est qu'un prétexte du narrateur donné à l'auteur pour enchâsser quelques petits récits.
Kundera s'amuse donc à jouer avec la forme de son roman qui en de multiples petits chapitres sautent d'un couple à un autre: Madame de T. et son chevalier au XVIIIème siècle, Berck et Pontevin qui luttent pour le pouvoir de l'humanitaire télévisuel, Vincent et Julie rencontrés sur un congrès, et le savant tchèque qui essaie de racommoder son histoire avec la grande histoire de son pays.
J'ai ressenti que Kundera cherchait à opposer la lenteur de l'histoire de Madame de T. avec la vitesse à laquelle se déroule le XXème siècle, tout en ayant une écriture très limpide, très claire; bref une espèce de philosophie à la portée de tous.
Voilà quelques exemples précis que j'ai adorés:
Il y a un lien secret entre la lenteur et l'oubli.....un homme qui marche dans la rue, et qui veut se rappeler quelque chose, ralentit son pas. Par contre quelqu'un qui essaie d'oublier un événement pénible accélère à son insu sa marche. Il veut s'éloigner de ce qui se trouve, dans le temps, trop proche de lui.
Le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli....
Notre époque s'adonne au démon de la vitesse et c'est pour cette raison qu'elle s'oublie si facilement elle-même.
Je relierai Kundera car sur une oeuvre il est difficile d'entrevoir le style et le fond de l'auteur mais sur cette Lenteur j'ai bien aimé les cassures dans le rythme, les enchâssements de récits et l'opinion de Kundera sur tous ces pseudos-intellectuels qui occupent les écrans de leur pathos et qui s'agglutinent autour de la lumière des médias comme des petits phalènes sur une lampe à huile l'été.
Ma note: 3,5/5