- julie a écrit:
- très bon film que "the hours" , c'est ce qui m'a donné envie de lire Virginia Woolf.
Ce film
The hours de Stephen Daldry est assurément une réussite.
Même si le lecteur peut être aux premières images déconcerté par la succession des trois personnages qui seront les trois fils directeurs de l'intrigue, il comprend vite à qui il a affaire : Virginia Woolf la romancière, Mrs Dalloway la protagoniste du roman éponyme, et enfin la lectrice du roman. Ces trois fils, habilement tressés, contribuent à introduire le spectateur dans l'univers de la création artistique.
Bien sûr, la condition de la femme est présente, non sur le plan social, mais dans l'ordre domestique et affectif. Elle est l'âme de la maison, celle qui rassemble. A tel point qu'elle vit pour autrui, sans trouver son ancrage personnel. On évoque l'homosexualité féminine, comme une alternative au couple traditionnel, aux rôles mal répartis, aux sensibilités parfois étrangères.
Les trois fils de l'histoire ne déroulent pas des épisodes parallèles, ce qui met en relief la transposition de la vie réélle dans la création romanesque. Cette transposition est énoncée par Mrs Dalloway, mais opérée par la romancière et le cinéaste : ainsi dans
"Mrs Dalloway", c'est l'homme qui est un créateur, et Mrs Dalloway le réconforte et lui vient en aide, parfait contrepoint de l'histoire de la romancière, où Mr Woolf est attentif et secourable pour Virginia.
On comprend qu'une telle structure du film évite les simplifications et les clichés. Ainsi les thèmes s'enrichissent d'être traités avec des variantes, même si la basse continue est aisément repérable : l'artiste éprouve un mal de vivre dans le monde réél, et il le traduit dans son activité créatrice.
Le thème de la mort et de la tentation du suicide déroule ses méandres dans les trois histoires, et la récurrence des images liquides est une métaphore de la mouvante complexité des sentiments.
Tout n'est pas dit. Le silence joue son rôle dans les conversations, et devant ses personnages, le cinéaste s'arrête avec pudeur devant des expressions et des attitudes. Nicole Kidman est parfois un peu raide,- peut-être pour marquer les tensions intérieures, mais Meryl Streep et Julianne Moore sont parfaites.
Le film est dense, et mériterait une seconde vision, pour en goûter toute la richesse. La musique de Philipp Glass contribue à notre plaisir, sans indiscrétion.