De l'importance d'être bien né.Si décrire le Paris populaire du second empire consiste à en faire une description juste, réaliste et dénuée des oripeaux du langage bourgeois, qui soit dit en passant n'a rien à faire dans ce Paris là, alors OUI Zola est le pornographe tant décrié au moment de la sortie de "L'assommoir".
A mon sens, la singularité de ce roman réside dans l'aspect inéluctable du destin de ces gens, et donc de Gervaise inévitablement.
Là où le romantisme s'arroge d'une certaine forme de crédibilité en se donnant des grands airs, du lyrisme et par là-même des héros qui s'arrachent à leur sort, ici point !! Dès l'entame, Gervaise est écrasée (et nous avec) par le poids de sa vie, de sa condition, bref de sa non existence.
Quand bien même se présente une fois l'occasion de s'en extirper un peu, elle refuse l'amour de Goujet, et le refusera même au seuil du trépas, comme convaincue que sa place est dans la fange avec la misère comme seconde peau.
Que serait-il advenu si ce diable de Coupeau avait passé l'arme à gauche en chutant du toit ? On serait tenté de répondre que rien n'y aurait fait, que la mauvaise fortune n'aurait pas pour autant passé son chemin.
Zola a su voir Gervaise, Lantier, Coupeau et les autres tels qu'ils sont, dans tout leur aspect sociétal et sans faire de bons sentiments.
Alors oui, on comprend que cela ait pu choquer; on comprend aussi que cette hyper-réalité pu être assimilée à une oeuvre pornographique mais là était bien le but.
Zola a montré de façon crue et réaliste une vérité ordinaire que d'autres ne voulaient pas voir. Grand bien lui fasse !!
Note: 4/5