Voici une toute petite nouvelle de rien du tout que j'ai écrit il y a quelques années ! N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez SANS UN REMORDSJ'étais vidée, anéantie. Mon amour, mon confident, mon ami, mon amant me laissait choir. Comme ça ! Un mot sur mon répondeur : "J'en aime une autre, oublie-moi". Il est venu prendre ses affaires -surtout ne pas oublier la chaine hi-fi qu'il m'avait pourtant offert mais qui lui avait coûté si cher !- et puis plus rien. Je suis restée là, abasourdie, ahurie et triste, si triste, comme un chien que son maître a abandonné.
J'errais en ces lieux où avaient retenti tant de rires, de pleurs aussi, mais tellement d'instants de bonheurs ! Envolés ! Il ne reste rien, que son odeur qui persiste. Vite, ouvrir la fenêtre, aérer. Je veux oublier, tout, vite ! Je prends la voiture. Où est la clef ? Je suis tellement tête en l'air ! Je pleure. Non, pleurer ne sert à rien. Partir. Voilà, je vais partir loin, très loin, où personne ne sera là pour me dire combien il est désolé pour moi, combien il méprise ce type. Mais je l'aimais moi, et je l'aime encore ! Ils ne peuvent pas comprendre ! Ils sont si obtus parfois. Mais non, ils ont raison, une fois de plus. C'est moi. Je suis si naïve. J'aurai du le deviner. Mais comment ? Comment aurais-je pu soupçonner que ma propre soeur ravirait l'élu de mon coeur ? La garce ! Nous nous entendions si bien étant enfants. Je me souviens encore nos jeux dans le jardin de la maison de notre enfance, nos premiers amoureux. Mais j'aurais du le deviner. Déjà adolescente, Céline me piquait tous mes petits amis. Mais jamais je n'aurais cru Bruno capable d'une telle bassesse.
Oublie, Cécile, oublie. Mais comment oublier ?
La route defile devant mes yeux. Il fait nuit noire. Je roule sans but apparent, je ne pense plus. Et je m'arrête. Là, une fenêtre éclairée. Elle est là. Ma tête est vide, je sonne, elle ouvre, un sourire radieux sur les lèvres. Elle baisse alors les yeux et son sourire s'évanouit, se transforme en un rictus de terreur. Elle a à peine le temps de réaliser ce qui lui arrive. Je tire. Une seule balle. En plein coeur. J'ai toujours été bonne au tir. Pour un flic, c'est normal non ?
J'oublie, il faut oublier. J'ai fait ce qu'il fallait, j'en suis sûre.
Maintenant, l'avenir s'ouvre à moi. Sans un regret, sans un remords. Bruno m'attend, je le sais. Je fais place nette dans ma vie, dans l'appartement. Le corps, personne ne le trouvera, jamais. Oublié ! Je vais vers mon amour, je vais vers mon destin. Je sais que désormais, rien ne peut m'arriver. Rien ni personne ne se mettra plus sur mon chemin.
Il est là, enfin ! Il me serre dans ses bras. Il me dit qu'il m'aime. Comme c'est merveilleux d'aimer et de se sentir aimée ! Comme je l'aime ! Plus que tout ! Il me dit que personne ne se mettra jamais entre lui et moi. Comme il a raison ! Il me dit qu'il aimerait avoir un enfant. Je lui reponds que je suis stérile. Il me croit et me dit que ce n'est pas grave, il me chérira encore plus. Quel bonheur !
Non, je ne veux pas d enfant. J'ai trop peur. Peur de quoi ? Peur d'avoir des jumelles. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des jumelles.
Cela me fait drôle de m'entendre appeler par un autre prénom que celui auquel je suis habituée depuis ma plus tendre enfance, et surtout par l'homme que j'aime, mais je m'y ferai. Céline, c'est un beau prénom après tout !
FIN