Pablo Picasso

Boss Hogg Nombre de messages : 1972 Date d'inscription : 05/04/2005

Comment ais-je pu oublier cet artiste?! Moi qui en ai tellement vu l'année du bac ! lol

Picasso

Par Marie-France Gélinas

Je suis né à Málaga le 25 octobre 1881. Mes parents : Mon père, José Ruiz Blasco, professeur de dessin, et ma mère Doña Maria Picasso y Lopez. Dès 1901, j'utilise seulement Picasso, le nom de ma mère, pour signer mes créations. Avec un père artiste, mes aptitudes aux arts plastiques furent précoces : dès l'âge de dix ans, je réalisai mes premiers tableaux. En 1896, à l'âge de 15 ans, je réussis le concours d'entrée de l'École des beaux-arts de Barcelone où j'y acquière une formation classique.

Entre 1900 et 1902, j'ai effectué trois voyages à Paris pour m'y établir en 1904. La Chambre bleue (1901) marque mon évolution vers la «période bleue», nommée ainsi en raison des teintes dominant dans mes œuvres des années suivantes. Exprimant la misère et la mort (la monochromie bleue arriva dans mon oeuvre à la suite du suicide de mon ami Carles Casagemas), les tableaux ont pour sujet des aveugles, des mendiants, des alcooliques et des prostituées aux corps quelque peu allongés qui rappellent le style du Greco.

Peu après m'être installé à Paris dans l'immeuble du Bateau-Lavoir, je rencontre Fernande Olivier, la première de mes compagnes à influencer le style, les thèmes et l'humeur de mon œuvre. À cette époque, j'ai changé ma palette de bleues pour des roses et des rouges. Les années 1905 et 1906, qui constituèrent ma «période rose», produisirent une peinture sentimentale, caractérisée par la primauté du dessin sur la couleur. Un grand nombre de mes personnages étaient inspirés par le cirque, comme le tableau les Saltimbanques (1905). Les personnages de l'arlequin, de l'acrobate, du saltimbanque peuplèrent alors mon imaginaire.

Pendant l'été 1906, j'effectue un séjour à Gosol, en Espagne. Mon œuvre entre dans une nouvelle phase marquée par l'influence des arts grec, ibère et africain, et de Paul Cézanne. C'est mon époque protocubisme, comme la nomment les critiques. Dans mon célèbre Portrait de Gertrude Stein (1905-1906), je traite le visage comme un masque, en géométrisant les masses telles des sculptures superposées. L'œuvre clé de cette période, les Demoiselles d'Avignon (1907), présente cinq prostituées regardant le spectateur. Inspirés par le traitement volumétrique de la forme chez Cézanne, Georges Braque et moi produisons en étroite collaboration des toiles définies négativement par la critique comme «cubistes», car réduites à des schémas géométriques. Nous travaillons ensemble de 1907 et 1914. Voulant définir précisément les formes choisies, nous les réduisons à leurs épures géométriques, tout en multipliant sur ce même plan les divers axes de la vision établie par la perspective traditionnelle. Cette première phase du cubisme, appelée «cubisme analytique», s'est accompagnée d'une réduction de la palette à un camaïeu de brun-bistre qui soulignait l'architecture décomposée des objets. Mes sujets préférés étaient le quotidien de l'atelier : instruments de musique, natures mortes, amis de passage ( Portrait de Daniel Henry Kahnweiler, 1910).

En 1912, collant un morceau de papier gaufré et un morceau de toile cirée (qui imite le cannage d'une chaise) sur une toile ovale, et les combinant avec des zones peintes, je crée mon premier collage : Nature morte à la chaise cannée (1912). Cette technique marqua une transition vers le «cubisme synthétique». Le procédé du collage me permettait de réintroduire un contact tactile avec la réalité en ajoutant directement sur la toile, comme en trompe-l'œil, des lettres d'imprimerie, des journaux et autres matériaux bruts. Cette seconde phase du cubisme vit le retour de la couleur et de la matière et me permit de juxtaposer sur un même plan des informations étroitement imbriquées dans la perspective traditionnelle : la forme, le volume, la matière et la couleur. Cette nouvelle appréhension du monde, comme une entité où les éléments s'inscrivent dans le jeu infini des combinatoires (forme/volume/couleur/matière) allait être mon credo plastique durant toute mon œuvre.

Je me suis aussi adonné à la sculpture dont Le buste en bronze Fernande Olivier (également intitulé Tête de Femme, 1909), Mandoline et Clarinette (1914) à partir de fragments de bois, de métal, de papier et d'autres matériaux; Verre d'absinthe (1914) combinait une cuillère à absinthe en argent avec une sculpture en bronze peinte. Ces œuvres anticipent mes créations d'«objets trouvés» ultérieures comme Guenon et son petit (1951) et ouvrent la voie aux artistes du pop art des années 1960.

Pendant la Première Guerre mondiale, je séjourne à Rome avec Jean Cocteau, travaillant comme décorateur pour le ballet Parade de Serge de Diaghilev, sur une musique d'Erik Satie. Je rencontre la danseuse Olga Kokhlova qui devient ma deuxième femme. Dans une veine décorative, j'ai réalisé plusieurs portraits d'elle et de notre fils (Paul en Pierrot, 1925). Au début des années 1920, dans un climat de reconnaissance mondaine, j'ai peint des tableaux marqués par un retour à la figuration et au classicisme : Trois Femmes à la fontaine (1921) et des œuvres inspirées par la mythologie comme les Flûtes de Pan (1923).

L'année 1925 fut celle d'une rupture radicale dans ma production. Mes tableaux deviennent très violents montrant des créatures difformes, convulsives, prises dans les rets d'une rage hystérique : Femme dans un fauteuil (1927) et Baigneuse assise (1930). L'influence des poètes surréalistes fut indéniable dans ma volonté de dépeindre de l'intérieur, l'enfer personnel. Ma rencontre avec Marie Thérèse Walter, dont j'ai eu une fille, Maya, en 1935, marque ma production des années 1930. Mes toiles sont teintées d'érotisme marquées par des lignes courbes et harmonieuses; Marie Thérèse, souvent peinte dormant, fut également le modèle de la célèbre Jeune fille devant une glace (1932). À cette même époque, je réalise alors de nombreuses sculptures monumentales. Avec mon ami, le sculpteur espagnol Julio González, j'ai également expérimenté la sculpture métallique. En 1935, je réalise l'eau-forte Minotauromachie, œuvre majeure qui mêle la figure du minotaure aux thèmes de la corrida. Le cheval éventré, ainsi que le taureau, y préfigurent l'imagerie de Guernica.

Le gouvernement espagnol, pour son pavillon de l'Exposition internationale, qui devait se tenir à Paris en 1937, me commande une grande composition murale. Je m'inspire d'un épisode de la guerre d'Espagne, le bombardement de la ville basque de Guernica par les avions allemands, le 28 avril 1937. Achevé en moins de deux mois, Guernica ne représente pas directement l'événement, mais symbolise plutôt l'horreur des conflits humains par l'emploi de formes exprimant l'éternelle cruauté : le taureau, le cheval agonisant, le guerrier tombant, la mère et son enfant mort, la femme emprisonnée dans un immeuble en flammes. Dora Maar, ma nouvelle compagne, prit des photographies de Guernica au cours de la réalisation de l'œuvre dans l'atelier de la rue des Grands-Augustins à Paris.

Ma palette devient plus sombre avec le début de la Seconde Guerre mondiale et la dénonciation de la déraison humaine demeure le sujet d'un grand nombre d'œuvres comme le Charnier (1944-1945). Mon engagement auprès du Parti communiste français relève d'une logique connexe. J'ai une nouvelle liaison, pendant les années 1940, avec la jeune artiste Françoise Gilot qui me donne deux enfants, Claude et Paloma. Ils apparaissent dans de nombreuses œuvres qui récapitulent mes premiers styles. Ma dernière compagne, dont j'éxécute le portrait, Jacqueline Roque, que je rencontre en 1954 et que j'épouse en 1958. À cette époque, je passe alors la majeure partie de mon temps dans le sud de la France, produisant une peinture heureuse, païenne, aux accents méditerranéens ou des réinterprétations d'œuvres de grands maîtres du passé : Vélasquez, Courbet, Delacroix et Manet en utilisant diverses techniques : lithographie, gravure, livre illustré, céramique, poterie.

Je termine l'autobiographie de mon père pour rendre un dernier hommage à ce grand homme et à sa carrière si innovatrice, autant dans les styles que dans les techniques, et prolifique souvent influencée par ses nombreuses compagnes. Mon père, Pablo Picasso, est mort à Notre-Dame-de-Vie, dans sa résidence près de Mougins, le 8 avril 1973. À Paris, l'hôtel Salé accueille le musée Picasso qui présente toute la diversité et l'étendue de l'œuvre de mon père.

Boss Hogg Nombre de messages : 1972 Date d'inscription : 05/04/2005

Les demoiselles d'avignon

Pablo Picasso Guernica.picasso

el guernica

Chacun ses goûts, personnellement je n'aime pas du tout l'art abstrait, que ce soit peinture, sculpture, ...

Boss Hogg Nombre de messages : 1972 Date d'inscription : 05/04/2005

ni même sa période bleue ou rose? qui diffère tout de même de sa période cubiste?

julie a écrit:: ni même sa période bleue ou rose? qui diffère tout de même de sa période cubiste?

Ah ! Sais pô trop, je ne connais pas bien Embarassed

Picasso est un des mes artistes préférés aussi. Ce n'est pas vraiment un artiste "abstrait". Il a eu pas mal de périodes différentes. Mais on associe souvent son nom avec ce style de peinture qui "déconstruit" les gens et les choses. Cela a commencé avec le cubisme qu'il inventa avec Braque sous l'influence de Cézanne et de l'art Africain. Puis c'est devenu un peu plus extrême.

Les Demoiselles d'Avignon, pour l'avoir vu en vrai, fût mon premier "choc" devant une peinture. Pendant 20 minutes, impossible de regarder quoi que ce soit d'autre. Le tableau est très grand. Et les couleurs virent plutôt vers le rose/orange clair. (l'image de ton post Julie, a subit les aléas de la photo et des scanners.. :lol:)

Un des traits fondamentaux du peintre est sa "vitalité". Il irradiait de lui une force incroyable, une passion au delà des mots pour le dessin et la peinture.

J'ai entendu dire que le musée Picasso à Paris comporte la plus grande collection consacrée à l'artiste. Toutes les époques sont représentées (ce qui est assez exceptionnel) et certaines toiles sont très connues (comme l'autoportrait bleu, les femmes courant sur la plage...). Va falloir que j'y aille ! C'est marrant car toute la collection du musée fut rassemblée pour payer à l'état Français les droits de succession de la famille après le décès de Picasso ! Au moins, ils ont eu la bonne idée de tout mettre dans un hotel particulier du Marais à disposition du public... Dire que les Demoiselles d'Avignon croupissait dans la cave d'un musée Français dont le directeur était totalement insensible à l'art dit "moderne" et le vendit... Confused

Quelques années après tout le monde était d'accord pour dire que cette toile était d'une importance capitale dans l'histoire de l'Art...

Guernica doit aussi être un monument à contempler en vrai (la toile, gigantesque, est à Madrid). C'est un des tableaux les plus connus au monde.

par contre il paraitrai que guernica a etait faite avant les evenements en question et que Picasso a transformé ce tableau a la suite de la demande et commande du consulat espagnol(car il etait en france).....voila
Par contre il faut voir une nature morte de Picasso qui est passionante, au premier abord c nul mais apres un temps de comtemplation soudainement on comprend qu il a voulu rendre la sensation des element et par leur vision....

Je ne crois pas que les travaux sur Guernica furent antérieurs au bombardement de la ville du même nom. Mais c'est à rechercher. En tout cas il exécuta nombre d'études préparatives et l'émotion a certainement cristallisé son inspiration. Le tableau fût explosé à Paris lors d'une manifestation internationale (sous le pavillon Espagnol) d'art, avec une toile gigantesque de Miro (détruite plus tard, celle là).

En fait le tableau de Guernica ne donne pas un aperçu direct sur le bombardement. Certains détails sont bizarres lors qu'on prend cette interprétation. J'ai vu un reportage qui explique tout cela. En fait, il s'agit de la représentation "théâtrale" d'un tel acte : en effet on peut voir une partie "décor" sur le côté, le bras gisant est en plâtre (tel les modèles utilisés par les peintres)... cela ne change pas grand chose... Wink

Mais c'est légèrement différent que ce qu'on nous a toujours dit à l'école... :lol: Et c'est plus subtil, cela renforce ce côté "mascarade politique" de la guerre, où des types prennent la décision gratuite de mettre fin à la vie d'hommes qui ne demandaient rien.

Boss Hogg Nombre de messages : 1972 Date d'inscription : 05/04/2005

@ descent: pour tout le monde à l'époque Les demoiselles d'avignon à été la rupture avec la peinture.
Il ya deux ans je susi allé voir l'expo Picasso, la peinture seule à Nantes. Il me semble que j'ai gardé mon dossier à propos de la visite je tâcherai de vous la trouver Wink

Oui la toile est considérée à elle seule comme la naissance de l'Art Moderne. Ce n'est pas rien ! :lol: Tout le monde à l'époque, même les amis de Picasso trouvaient qu'elle allait trop loin, qu'elle était trop étrange. Personne ne l'aimait ! Wink

Vraiment en avance sur son temps...
Maintenant le tableau est à New York...(au MoMA, à ne pas manquer si vous faites le voyage).

Boss Hogg Nombre de messages : 1972 Date d'inscription : 05/04/2005

vii j'aimerai trop la voir en vrai !! l'émotion que l'on doit ressentir...